La découverte de ma précocité
Un changement, le deuil d’une ancienne perception de moi, la naissance d’une nouvelle.
Il existe de nombreuses définitions, la seule notion qui fasse globalement consensus est de taux de Quotient Intellectuel , le QI. Ainsi, un score égal ou supérieur à 130 au test de quotient intellectuel (QI), est généralement retenu comme un indicatif.
Jeanne Siaud-Facchin, auteur de Trop intelligent pour être heureux, préfère parler de « zèbres » pour désigner les HPI car chacun d’entre nous possède une zébrure unique, comme le sont nos empreintes digitales !
La compréhension de « Ma zébritude »
Trop intelligent pour être heureux fut ma première lecture sur la douance.
En reprenant mes études pour devenir coach, il y a dix ans, je me trouvai entourée pour la première fois de personnes qui, quoique différentes de moi, avaient des réactions communes aux miennes. Pour une fois je ne me sentais pas « seule » et « différente ».
Non pas que tous les coachs soient précoces, mais le hasard (qui n’en est jamais totalement un) a mis sur mon chemin des personnes avec une bonne connaissance de la précocité, qui ont suscité ma curiosité et conseillé des lectures.
Je lisai donc Jeanne Siaud-Facchin.
Moi qui commençais à lire à ce moment-là de nombreux ouvrages de psychologie et de développement personnel, dans lesquels je me retrouvais parfois, en lisant celui-ci je fus profondément émue. Cette femme parlait de ma vie comme si elle y était. Comme si elle la voyait à travers mes lentilles.
Quelle révélation ! Cette fille « bizarre » que je croyais être : un peu étrange, un peu « sorcière » ne l’était pas tant que ça. Quel soulagement mais quelle myriade de questions également !
Je me revois, émue, appelant un de mes amis de la promo, « zèbre » bien sûr (enfin qui ne le savait pas pleinement à ce moment là aussi ! Et lui dire « vite ! Il faut que tu lises cette femme, elle parle de nous »).
Synchronicité : celui-ci venait de lire en parallèle Je pense trop de Christel Petitcollin.
L’ami commun qui nous avait orienté, l’un et l’autre, vers ces lectures avait raison. Ces ouvrages sur la douance parlaient de nous.
Ce ne fut pourtant pas si simple à partir de là.
J’ai observé chez moi, comme chez beaucoup des personnes que j’accompagne, un processus de deuil. Le terme de courbe du changement serait peut-être ici le plus approprié.
La courbe du changement : le processus en image ?
La courbe du changement appliquée à ma « zébritude » ?
Pour ceux qui ne connaissent pas ce processus, il comporte plusieurs étapes symbolisées sur une courbe avec une phase descente puis montante :
Le point de départ
Le choc :
La découverte de particularités communes entre les précoces et moi. « Je suis peut-être une HPI ?!! »
La phase descendante
Le questionnement, le déni :
« Ce n’est pas possible, de toute façon je ne suis pas très intelligente, je ne mérite pas cette appellation. » Et oui contrairement aux idées reçues quant aux surdoués, la plupart d’entre nous a une faible estime de soi, et ne se voit pas comme intelligente, ou pire « supérieure ».
La colère
« Encore une fois, je suis différente. Voilà, j’ai une pathologie. La preuve : il existe un test psychologique pour détecter si je suis HPI. » « On va me mettre dans une case » : les précoces détestent le plus souvent être mis dans une « catégorie », en tout cas, pour moi, c’est le cas.
La peur :
« Si je ne l’étais pas finalement. Si ce n’était pas l’explication de nombreuses choses dans ma vie, si finalement un test me confirmait que je n’étais pas très intelligente ».
Ou à l’inverse, « si j’ai un QI>130 je vais être montrée du doigt, je ne pourrai le dire à personne. On va encore plus me traiter différemment ».
L’idée d’aller passer un test de QI, pourtant vu comme un moyen de se rassurer est en même temps terrifiante : « Toutes ces années de suradaptation n’auront servies à rien ».
Le marchandage
« Ok je me reconnais, mais cela ne doit pas vraiment être moi ». « Puis-je le soigner ? M’en débarrasser ? Mieux le cacher ? ».
Une période compulsive, de nombreuses recherches, interrogation, le passage du test, l’échange avec des personnes comme moi, une frénésie « à la zèbre.
La tristesse, la dépression :
L’impression de l’avoir toujours attendu comme quelque chose de fantasmé et maintenant que c’est là : devoir « lâcher » quelque chose, aller vers une part d’inconnu.
La tristesse que cela n’ait pas été détectée avant. Grosse période de doutes.
« Je ne pourrai définitivement jamais être heureuse en étant « ça » ». « Je ne pourrai jamais avoir de relations totalement apaisées ».
La perte de sens et d’identité, la perte de repère : « Que suis-je vraiment ? », « Je ne me résumé qu’à ça ? », « Si je suis ça, qu’est-ce que je ne suis plus ? ». « Dois-je lâcher quelque chose ? ».
Heureusement, suit la phase montante
L’acceptation :
L’étape où je m’appropriai pleinement ma douance. « JE LE SUIS ». C’est comme ça.
Le cadeau caché : une meilleure connaissance de moi, une compréhension, des mots à mettre sur des inconnues, je ne m’identifiais plus qu’à cela. Ma zébritude expliquait tout, excusait tout et je ne cherchais plus de raisons à tout ce que j’avais fait ou vécu ailleurs, la précocité l’expliquait. Dans cette phase là, je voyais plus ce que cette dernière m’avait causé comme problème, que les avantages.
Toujours en mode compulsif sur mes lectures et en quête d’appartenance je me focalisais sur les inconvénients, les limites à l’être.
Le pardon
Heureusement le travail sur moi se poursuivait. Les accompagnements de ma psychologue et des autres thérapeutes que j’ai pu consulter. La place qu’a pris progressivement le CNV dans ma vie m’ont fait avancer sur le chemin du pardon et de l’acceptation positive.
Bon j’avoue qu’étant naturellement positive m’a aidé aussi. J’ai travaillé sur ma gratitude vis-à-vis de la nature qui m’a faite comme ça, de mes proches qui m’ont toujours aimée telle que j’étais et surtout je me suis accordée que j’avais toujours fait de mon mieux.
La quête de sens, le renouveau :
Le début de ma résilience Je m’appropriai cette nouvelle caractéristique. Loin de la voir comme une faiblesse je commençai à en ressentir les avantages, à comprendre la force que j’y puisais.
Je posai de la conscience sur les caractéristiques qui peuvent me freiner, me bloquer, me mettre en souffrance pour les accueillir avec empathie. J’appris à ne plus me laisser déborder, sans pour autant les renier.
Et surtout je me focalisai sur les atouts, tout ce que cela m’a apporté de positif dans ma vie.
La sérénité, la croissance, l’intégration :
La phase que je vis aujourd’hui.
La connaissance de cette particularité m’apporte beaucoup, pour moi-même et dans ma relation aux autres. Je comprends mieux qui je suis, comment je fonctionne. Ce qui se joue en moi et dans mes rapports aux autres. Mes facteurs de succès et mes zones de risques. Je revisite mon histoire pour en retirer du sens.
Ma part de croissance actuelle est aussi de le partager.
La zébritude : quelle place dans ma vie aujourd’hui ?
Aujourd’hui je vis pleinement cette particularité, la savoure et la revendique. Je ne m’enferme plus dans la fatalité (enfin la plupart du temps).
Je cherche constamment la contribution de cette différence à ma personnalité. Pleinement convaincue que nous sommes puissants grâce à ce que nous sommes, ce que nous traversons et à la faculté que nous avons à le sublimer, je partage.
Mon espoir : que tous les zèbres puissent dépasser toutes ces phases le plus sereinement possible ( seuls, e se faisant accompagner, avec des semblables, … peu importe). Il n’y a pas de bonne ou mauvaise méthode.
Je me reconnecte pour cela à ma vocation de vie : montrer aux autres que le monde est beau
Ma vocation de zèbre : montrer aux zèbres que le monde est beau et que nous sommes beau de toutes nos rayures uniques comme le dirait JSF
La zébritude : et vous ?
Bien sûr il y a le test d’intelligence WAIS-IV, le seul reconnu. Les test Mensa, très sérieux également. Je vous invite à oublier les autres.
Par contre, vous pouvez aussi vous faire une idée en lisant des autres références, regardant des professionnels, partageant sur des forums dédiés.
Vous verrez si cela vous parle ou pas. Mais si vous vous reconnaissez dans la plupart des caractéristiques, je vous conseille de ne pas vous enfermer dedans.
Que vous le soyez ou pas, peu importe, si ce qui est écrit, dit, filmé vous aide, profitez-en.
Conseils et lectures
Biblio
Jeanne Siaud-Facchin Trop intelligent pour être heureux
Christel PetitCollin Je pense trop
Monique de Kermadec L’adulte surdoué
Mon coup de cœur de cette année
Nathalie Alsteen Les émotifs talentueux
Les groupes Facebook
A vous de trouver celui qui vous parle !
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